La question du déséquilibre entre forêts et populations de cervidés revient régulièrement dans les discussions entre l’Office National des Forêts (ONF) et les chasseurs. Trop de cerfs et de chevreuils ? Des quotas jugés parfois abusifs ? Le débat est loin d’être nouveau. Mais un récent rapport va encore plus loin : l’ONF préconise de classer temporairement cerf et chevreuil parmi les espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (ESOD).
Dans son rapport sur le futur contrat État-ONF, l’organisme liste six priorités pour les années à venir : communication auprès du public, adaptation face au changement climatique, moyens humains, financements… Mais c’est surtout l’un des points qui fait réagir : le « choc de régulation des ongulés ».
Selon l’ONF, la situation est critique : 50 % des forêts domaniales seraient aujourd’hui en déséquilibre forêt-ongulés (contre 38 % en 2019). Les prélèvements de cervidés ont explosé depuis 1974 (+1300% pour le cerf, +1000% pour le chevreuil). Malgré tout, la régénération naturelle des forêts reste fortement compromise et les protections coûtent cher.
L’ONF propose de s’inspirer des méthodes utilisées contre le sanglier lors de la crise de la peste porcine africaine : battues administratives renforcées, tirs de nuit sous contrôle, équipes spécialisées, voire enclos d’abattage.
Et pour les chasseurs ? Le rapport envisage d’augmenter les bracelets, de cibler en priorité les groupes matriarcaux, voire de classer temporairement cerf et chevreuil comme nuisibles. Des compensations financières (réduction du prix des baux, indemnités pour la baisse du gibier) sont également évoquées.
Comment expliquer au grand public qu’il faut tirer davantage d’animaux emblématiques comme le cerf ? L’ONF demande la mise en place d’un observatoire national, de nouveaux protocoles de comptage (drones, caméras thermiques, IA) et une campagne de communication pour sensibiliser sur « la gravité de la situation ».
La question reste ouverte : assiste-t-on au début d’une ère où le cerf et le chevreuil pourraient être classés nuisibles, au moins temporairement ? Et comment réagiront les chasseurs face à ces recommandations qui pourraient bouleverser leurs pratiques ?
