Le drame s’est joué dimanche 5 octobre dans le secteur du Grand Morgon, dans les Hautes-Alpes. Un jeune randonneur de 20 ans a été violemment attaqué par plusieurs chiens de protection alors qu’il se promenait sur un sentier très fréquenté. L’homme a été défiguré après près d’une heure d’agression avant d’être secouru par le peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Briançon.

Selon les premiers éléments de l’enquête, trois à quatre patous auraient quitté un enclos avant de s’en prendre au promeneur. Transporté à l’hôpital de Briançon, il a subi une opération chirurgicale au visage. Une plainte a été déposée, et une enquête pour blessures involontaires par chien a été confiée à la Brigade Environnement de Serre-Ponçon.

Un secouriste du PGHM raconte au Dauphiné Libéré : « On s’est sentis en danger, les chiens étaient très agressifs, même face à l’hélicoptère ». La procureure de la République de Gap parle d’un cas « très grave, le plus grave de l’année ».

Des patous de plus en plus menaçants

Ce fait divers relance le débat autour des chiens de protection devenus parfois incontrôlables. Depuis le début de l’année, 45 incidents ont été recensés dans le département, dont 19 morsures sur des personnes et 13 sur d’autres chiens. Les services de la préfecture alertent sur la multiplication de ces situations, souvent liées à des patous livrés à eux-mêmes sur les alpages.

Ces chiens, censés protéger les troupeaux contre les loups, sont désormais perçus comme une source d’inquiétude. Pour les randonneurs, les sentiers autrefois paisibles deviennent des zones à risque.

Le revers de la protection du loup

La montée en puissance du loup en France a conduit les éleveurs à renforcer leurs défenses : clôtures électriques, subventions, chiens de protection… Mais ces mesures ont un effet boomerang. Les patous, sélectionnés pour leur instinct de défense, peuvent s’en prendre à tout intrus perçu comme une menace, même humaine.

« Les patous ne devraient pas attaquer si le troupeau n’est pas en danger, mais sur le terrain, la réalité est bien différente », reconnaissent les professionnels. Entre la pression du loup, les contraintes administratives et la peur grandissante en montagne, la cohabitation devient chaque jour plus compliquée.

Hier, les chemins de montagne étaient synonymes de liberté. Aujourd’hui, ils sont devenus le symbole d’un équilibre brisé entre l’homme, l’animal domestique et la nature sauvage.