L'affaire avait fait grand bruit en février dernier. Ce mardi, les chasseurs qui avaient pénétré dans la propriété de Luc Besson pour achever un cerf se sont retrouvés à la barre.
Les faits sont connus : un cerf, poursuivi par des chiens, se réfugie dans le parc du réalisateur. Les chasseurs, sans armes à feu, entrent pour récupérer la meute et décident de servir l'animal à l'arme blanche. Une scène filmée par la mère du cinéaste, qui a déclenché une tempête médiatique.
L'émotion face à la technique
Au tribunal, deux mondes se sont confrontés. D'un côté, Luc Besson, très ému, sortant de la salle lors de la projection de la vidéo : « Quand je revois les images, je suis en larmes ». Il évoque des termes forts comme « meurtre » ou « assassins », bien que précisant : « Je n’ai aucun problème avec la chasse. Mais pas chez moi ».
De l'autre, la défense des chasseurs, basée sur l'éthique de la souffrance animale. « L'animal ne se déplaçait pas bien, il boitait [...] J'ai interprété que l'animal n'avait aucune chance », explique l'un des prévenus, justifiant son intrusion par l'urgence d'abréger les souffrances du gibier.
À lire aussi : Nouvelle-Zélande : le pays déclare la guerre aux chats errants pour 2050
Le point de bascule : l'avis de l'OFB
Tout l'enjeu juridique reposait sur une question technique : l'animal était-il mortellement blessé, justifiant cet acte immédiat ? La réponse de l'inspecteur de l'Office Français de la Biodiversité (OFB) a pesé lourd : « Non ». La nécropsie a révélé que si le cerf boitait (blessure ancienne), ses jours n'étaient pas en danger avant le coup de dague.
Cette expertise fragilise la défense des chasseurs sur l'état de nécessité. L'acte de servir un animal est un geste technique lourd de sens, qui ne doit être pratiqué que dans un cadre strict.
Sur France-Chasse.com, nous rappelons que l'usage d'une Dague de chasse (catégorie Couteaux de chasse) est indispensable pour la recherche au sang ou pour servir un animal blessé, mais cette décision doit toujours être prise avec la certitude absolue de la blessure mortelle du gibier.
Le réquisitoire
Le procureur a souligné l’absence d’antécédents judiciaires des prévenus mais a tout de même requis :
- Le retrait du permis de chasser pour un an (avec obligation de le repasser) ;
- Une amende ;
- Un stage de sensibilisation à la sécurité et à la réglementation.
Le délibéré sera rendu le 20 janvier prochain.